dimanche 2 novembre 2008

lMohed Altrad: sa vie est un roman

Mohed Altrad est à la tête du groupe Altrad qu’il a fondé dans l’Hérault, voici plus de vingt ans avec son associé anglais Richard Alcock. Une véritable « aventure », comme il l’écrit lui-même dans le rapport annuel du Groupe, pour lui qui éprouvait le besoin de bâtir une œuvre en laquelle il puisse s’accomplir librement.
Mohed Altrad est syrien. Il est né en mars 1948 dans une tribu de bédouins nomades du désert. Renié par son père à sa naissance, rapidement orphelin de mère, recueilli par sa grand-mère, il vit dans des conditions très modestes et n’a pas le droit d’aller à l’école. Mais bravant l’interdit, il suit un matin les autres gamins et observe, fasciné, la classe à travers un trou dans le torchis du bâtiment. Un soir, les autres l’entraînent de force dans les dunes et l’enterrent dans le sable. Il croit mourir mais parvient à se dégager et se jure alors de devenir le meilleur. Cette promesse marque le début de son incroyable ascension.
"Né en Syrie, dans une tribu de bédouins, il brave l'interdit pour aller à l'école"
Repéré par l’instituteur, il est autorisé à suivre les cours et les études deviendront sa planche de salut. Premier de sa classe, il est envoyé au lycée à Raqqa, la grande ville la plus proche. En djellaba usée jusqu’à la trame, il travaille comme un forcené, recopie les livres qu’il ne peut acheter et passe des heures à la bibliothèque. A 17 ans, reçu premier de son département au baccalauréat, il obtient une bourse pour étudier la pétrochimie en France.
Il apprend le français en quelques mois, réussit tous ses examens et complète ses études à Paris par un doctorat en informatique. Son histoire d’étudiant modeste mais travailleur et méritant aurait alors pu prendre un cours plus tranquille.Entre 1975 et 1980, il est ingénieur chez Alcatel puis Thomson et acquiert une expérience professionnelle en automatismes, informatique industrielle et téléphonie.En 1980, il rejoint une compagnie pétrolière d’Abu Dhabi. Directeur d’une branche d’activité, il traite en direct avec le ministre de l’énergie local, un bédouin comme lui. Mais, il décide de nouveau d’échapper à ce destin et au chemin classique des managers-salariés en optant pour une voie plus difficile : la construction de son propre Groupe. Il crée, en 1984, avec ses économies et des amis, sa première société, FIET (France Informatique Électronique et Télématique), qui commercialise des ordinateurs portables. Mohed Altrad qui n’a pas les moyens de produire à grande échelle, vend ensuite sa société à Matra. En 1985, il indestit avec un associé (Richard Alcock), dans le rachat de Mefran, une PME héraultaise en faillite, spécialisée dans les échafaudages. Cette société, avec ses outils de production et son réseau commercial national, sera le point de départ du fabuleux développement du Groupe Altrad.
"Excellent stratège, il a réussi à se construire un véritable empire "
Depuis lors, soit en une vingtaine d’années, Mohed Altrad s’est construit un empire dans le matériel pour le bâtiment et est devenu une des premières fortunes professionnelles du Languedoc-Roussillon.Travailleur, bon gestionnaire, Mohed Altrad est aussi un excellent stratège. Ingénieux, il s’est lancé dans l’échafaudage en 1985 en pleine crise immobilière. Un pari risqué qu’il a su gagner en diversifiant très vite ses activités dans la fabrication de bétonnières, plus rentable. C’est un homme discret et réservé. Il laisse transparaître une certaine respectabilité tranquille, le succès ne lui ayant pas fait perdre la tête.Ce qui marque avant tout, c’est son parcours personnel et professionnel impressionnant, sa rage de réussir hors du commun alors qu’il n’a jamais pu compter que sur lui-même. Mais, patiemment, il s’est construit et a construit un Groupe international à son nom. Il n’en oublie pour autant pas la déchirure de l’enfance et le rejet dont il fut victime. C’est sans doute pourquoi il prône le respect des usages, des cultures et des spécificités nationales au sein de son Groupe. Enfin, l’écriture est devenue sa deuxième passion : il y consacre une large partie de ses nuits et la même énergie qui lui permit de surmonter la solitude du désert et de se rebeller contre son destin.
En novembre 2004, à l’occasion du « 6° Trophée » de l’INSEAD, Mohed Altrad s’est vu décerner le Prix de l’Entrepreneur de l'année. Cette distinction récompense à la fois un homme multiple et attachant mais aussi le chef d’entreprise tenace et clairvoyant qui dirige depuis 22 ans un groupe en plein développement.
Par décret du 25 mars 2005, Mohed Altrad a été nommé chevalier de la Légion d’honneur et a été décoré cette même année par l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Il s’agit là encore d’une reconnaissance de son formidable parcours personnel et de sa réussite exemplaire en tant qu’entrepreneur.

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